jeudi

et le souffle m'est revenu d'un coup avec des palpitations étrangères, nouvelles.
on se serait cru un soir d'été à la campagne quand la vigne est encore verte,
le soleil ardent, la brise rare, le corps ruisselant.
mais c'était mieux, mille fois.
et quand tes dents ont accroché les miennes
j'en ai pleuré. tellement c'était beau.


j'ai l'impression de naître à nouveau.
c'est fascinant
et délicieux.

samedi

Sérénité retrouvée des jours d'automne et leur beauté de feuilles mortes. Des espérances refoulées que tout s'enterre, que tout s'enfuit dans les grandes bourrasques.
Me reprend l'envie d'aller voir la mer, et frissonner au matin, transie devant les horizons qui reculent à mesure que j'avance. pour la couleur particulière de l'eau sous le ciel de novembre, le silence rassurant des plages enfin désertées. Le grand retour des moments parfaits, privilégiés où la moelle de vie qui nous entrave nous étreint à nouveau les rêves qu'on croyait perdus. Plaisirs simples, baume du corps repu après les illusions de l'été indien.

vendredi

La maison s'est vidée, et repeuplée ensuite, les portes ont claqué, ma tête a volé un court instant au dessus des votres, et vous étiez beaux d'amour et de poésie, recroquevillés dans vos masques d'insensiblerie. Et je vous ai vu, tels que vous êtes sans vos grandes paroles qui cachent vos petites inclinations, vos brefs soupirs à la fin des luttes sans vainqueurs ni vaincus, vos abonimables sourires qui iradient pour cent mille watts d'émotion brute. Les portes ont claqué, le vent s'est levé et nous avons rangé les costumes de grandes personnes pour n'être plus que des chairs brûlantes, des écorchés vifs qui se parlent sans se comprendre des mêmes choses quotidiennes, tracasseries dérisoires et vitales des jours qui s'ensuivent en attendant le grand incendie.
Brillante soirée au goût amer, longue nuit du début de l'hiver où chacun a reçu une entaille incurable au creux des reins.