lundi

comptoir.

allons rire et couvrir le monde de nos bras devenus immenses à force d'oppression, reprenons ces vieux poèmes oubliés et braillons les sur tous les toits de la ville, qu'on nous entende jusqu'au congo, jusqu'à la toute dernière fin, jusqu'à ce que la vielle d'en face vienne avec nous danser et fumer et cracher sur les chats. oh oui, chantons encore sur ce qu'il nous reste de temps à vivre et de choses à connaître, sur nos amours tardives et honteuses, sur nos pensées sublimes et poussiéreuses, et nos inclinations, furtives et vénéneuses.
marchons encore dans l'obscurité tapie à chaque coin de rue, et repoussons la jusqu'à la mer, avant que le vent nous emporte sur un air de tango, venu de nulle part, et une odeur suave, du creux de tes reins.

tentative d'alchimie.

j'ai tout vu au fond de tes yeux, le gouffre de l'éternité, la mémoire d'un monde qui s'oublie, et j'ai ressenti l'abîme profonde de ce qui a été enfoui, et le nouveau souffle qu'exhalait la modernité, offerte comme une femme légère. c'était comme une rumeur, un écho à peine perceptible de ce qui survit quand les paupières se ferment, cet entre-monde peuplé d'inconnu et de rêves, un indicible précipice où se logent les désirs que l'on veut cacher ou que l'on ignore. j'ai tout vu, tout senti le temps d'un battement de cil, avant que tout m'échappe encore, alors que je n'avais jamais été aussi proche de la vérité.
doux supplice dans un éclair de clarté, avant de retomber dans les couloirs méandreux de la petite routine. tendre torture que j'appellerai toujours contre moi même, pour un idéal supérieur, mais bafoué, mais refoulé, mais chuchoté dans l'indistinct, quand les mots n'ont plus leur sens créateur premier. restaurer l'émotion principielle dans une parole maîtrisée.