jeudi

M'enfuir l'ami, l'artiste. le type au bord des routes m'a à nouveau tendu la main, comme s'il savait déjà que tout allait se casser la gueule. alors tout s'est bien effrondé, très tranquillement, à grand renfort d'écume, comme si on allait tout enlever avec cette grande marée de larmes à moitié forcées, à moitié plus profondes que tout ce qui y a pré-existé.
C'est juste qu'il y a un creux maintenant, un espace brûlé jusqu'à la chair, où plus rien ne semble repousser, pas même sous ses doigts quand ils s'y aventurent, tard le soir, pas même sous les miens pourtant familiers quand j'essaye encore d'y croire.
Rend-moi cette respiration qui me manque tant quand on éteint la lumière au fond du grand lit froid. C'est juste absurde de vivre sans toi.

dimanche

Sans toi.

M'égratigner le visage dans les ronces, pour plus rien sentir que ça. Anesthésier le racorni qui crie famine entre mes poumons encrassés. Promesses que je n'ai pas su tenir, que j'ai trahies, comme j'ai vendu ce corps qui ne m'appartient qu'à moitié, pour un peu de fantaisie.
Enfin, quelque chose de vrai, de palpable, de nauséeux tellement c'en est insupportable cette pesanteur infime de la solitude retrouvée, après toutes ces années, tous ces faux semblants, ces grands départ pour mieux se retrouver. Lamentable comédie humaine que je t'ai jouée, et à laquelle j'ai voulu croire.
Ces regrets qui m'encombrent le racorni, qui l'oppresse contre les parois, débordant de cet inévitable sentimentalisme dont je n'arrive pas à me défaire.
Si il m'en restait un peu, j'aurai pitié de moi même.

Le saut dans le vide.

Ma belle, ma toute douce, mon endormie soyeuse au creux des reins nichées sous mon sein, des mains étrangères ont carressé nos peaux et balayé nos instincts.
Dans le sombre, sous la couette, m'émerveillent encore vos corps enlacés, comme si ma bénédiction matinale aurait pu avoir quelque impact. M'es tu étrangère maintenant que tu as été foulée au pied, refoulée dans ton orgueil, dans un baiser absent sur un quai de gare ?
Ardeur automnale, passion de feuilles mortes, folies d'une jeunesse qui transpire son ennui par toutes les pores.

Mille pardons et milles soupirs sur ton coeur trop loin du mien.