vendredi

Lettre perdue.

Le vent souffle fort ce soir. Qui es tu voyageur pour troubler mes nuits d'oisiveté ? C'est toi. C'est toi, c'est encore toi, je le sais, je te sais sous tous les habits possibles, c'est encore ton visage et ta voix qui me dit de revenir. Le vent souffle trop fort ce soit. Et me porte des lettres d'amour perdues que j'aurai aimé ne pas lire. Pars, voyageur, laisse moi voir encore le jour sans toi. Laisse moi prouver que toutes ces nuits sans sommeil ne sont pas vaines. Laisse moi penser que tu es là encore, mais caché. Je ne veux pas que tu frappes à ma porte et que tu prennes par la main. J'aime ton absence, ton indifférence, je ne veux rien savoir de toi- sinon que c'est loin l'un de l'autre que nous entendons le mieux.

mercredi

Un Ailleurs m'a accueillie et je me suis sentie chez moi là où pourtant aucun sang ne m'a attaché, là où aucun amour ne m'a pris assez longtemps, où aucun alcool ne m'a assez enivré. J'ai arpenté les rues bien des fois sans m'habituer à leurs pavés irréguliers. J'ai conduit longtemps sur les routes, et dormi là où m'a laissé entrer.
Mais c'est une terre étrange qu'on ne connait jamais car elle ne se donne pas : elle s'arrache avec des larmes et la sueur, et surtout des chansons qui te rentrent droit au cœur- et t'abandonnent quand le jour se lève. Dans ce pays tout respire encore et avec lui j'ai vécu dans tous les ports, ce nom joli qu'on donne aujourd'hui aux tavernes à marins, j'ai écouté longuement les histoires du temps passé. J'ai cherché dans les livres les plus épais, les plus vieux, les plus moisis. J'ai aimé des hommes, et des femmes aussi, tous ces corps qui se sont donnés en me refusant tout.
Non je n'ai pas toujours pas compris cette terre.
Mais j'essaye, j'essaye.
:)

lundi

Erasmus mundus

c'est ensemble que c'est toujours le même
temps qui nous passe sous le plafond enfumé
et nous imbibés les mêmes mots dans toutes les langues
c'est ensemble que c'est toujours nous mêmes
qui apprivoisons l'étrange sur toutes les routes
caressons nos grands récits de vie, petites vies en somme
nous qui sommes si jeunes et vieux six personnes en quête de mieux
c'est toujours ensembles sous le plafond d'un ciel pluvieux
que sans sursis nous errons toutes les nuits
c'est en nous si vides que s'attachent s'étreignent
s'égrainent sans fin les minutes les histoires
les comptoirs- et nos coeurs qui se cognent jusqu'à s'aimer.

samedi

Est ce que tout est perdu maintenant ?
Le vide, pas l'inconnu pas le noir duquel naisse les grands espoirs, non juste le vide, le gouffre affreux de l'anomie. pas la mort,non, juste l'oubli le plus certain et le plus profond, juste mon coeur qui s'est égaré un soir d'automne, juste mon coeur où tout est éteint. Une énième dérive au milieu de nulle part- nous ne sommes plus rien si nous avons été un jour, tout est perdu, trahi rongé jusqu'à l'os, nous sommes partis faux amis, nous finissons mauvais amants, mauvaise graine de bonheur aux fruits incertains. J'avais cru en finir avec l'incertitude, c'est encore l'échec.
Tu sais, avant, tes mains étaient mon miroir le plus fidèle.