dimanche

l'amour et puis basta

Putain de toi, qu'a vendu mon coeur à la première venue, la première distraction, la première depuis longtemps, et dans ces conditions et moi qui avait foi, mine de rien moins que rien j'ai pas su te dire non. Alors on y revient on y retourne on se chamaille on s'entrecourbe on se raidit- et puis le fil casse. Trop tiré, putain de toi, t'es partout et j'me sens bien nulle part tout est flou et il est trop tard. C'est la nuit, et putain de toi dans moi, l'un dans l'autre ça n'existait pas c'était juste ça- l'amour, et puis basta. Autant d'temps dans un carton, dis moi, dis moi, c'était vraiment juste ça ?

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samedi

j'suis pas la première à l'dire mais-

Je suis arrivée à la conclusion que l'ultime stade de la médiocrité est l'à peu près.
C'était presque bien cette histoire. Le début était bruyant-
Mais pas assez, pas assez scandaleux, pas assez douloureux non plus.

A peu près mémorable,en somme.


Et que jeunesse se passe.
Je me sens vieille dans mes vingt ans, tiens.
Et que le printemps c'est chiant- juste histoire de râler un peu plus.

mardi

Ton odeur- ton odeur, ton odeur
Tes silences, ton absence
Ma soumission, ton arrogance

Ton odeur- ton odeur, ton odeur
Ton inconstance, et ma douleur
Mon inconsistance, et ta froideur

Ton odeur- ton odeur, ton odeur
Mon coeur pété pour ta jouissance
Avant qu'elle cède ton odeur, ton odeur
Trop d'horreurs et trop d'errances.

Pays-age

j'aime les pays de cailloux où rien ne pousse
les longs plateaux désertés balayés par les vents
aride d'un soleil qui ne brille qu'avec l'éclat zénithal brûlant des espaces vides.

Ici la terre ne vaut rien- pas plus que l'homme, et la passion est tout :
Elle élève et grandit chaque parcelle,
et vit dans l'ombre maigre des arbres décharnés,
avec un acharnement sourd, celui qui fait les civilisations.

âpreté des pays de cailloux où seule la folie fait rempart à la désolation,
où chaque seconde joue et rejoue le même le drame humain.

Lumineux pays à chansons- sans hommes pour chanter,
lumineuses nuits au coeur du monde.

vendredi

Lettre perdue.

Le vent souffle fort ce soir. Qui es tu voyageur pour troubler mes nuits d'oisiveté ? C'est toi. C'est toi, c'est encore toi, je le sais, je te sais sous tous les habits possibles, c'est encore ton visage et ta voix qui me dit de revenir. Le vent souffle trop fort ce soit. Et me porte des lettres d'amour perdues que j'aurai aimé ne pas lire. Pars, voyageur, laisse moi voir encore le jour sans toi. Laisse moi prouver que toutes ces nuits sans sommeil ne sont pas vaines. Laisse moi penser que tu es là encore, mais caché. Je ne veux pas que tu frappes à ma porte et que tu prennes par la main. J'aime ton absence, ton indifférence, je ne veux rien savoir de toi- sinon que c'est loin l'un de l'autre que nous entendons le mieux.

mercredi

Un Ailleurs m'a accueillie et je me suis sentie chez moi là où pourtant aucun sang ne m'a attaché, là où aucun amour ne m'a pris assez longtemps, où aucun alcool ne m'a assez enivré. J'ai arpenté les rues bien des fois sans m'habituer à leurs pavés irréguliers. J'ai conduit longtemps sur les routes, et dormi là où m'a laissé entrer.
Mais c'est une terre étrange qu'on ne connait jamais car elle ne se donne pas : elle s'arrache avec des larmes et la sueur, et surtout des chansons qui te rentrent droit au cœur- et t'abandonnent quand le jour se lève. Dans ce pays tout respire encore et avec lui j'ai vécu dans tous les ports, ce nom joli qu'on donne aujourd'hui aux tavernes à marins, j'ai écouté longuement les histoires du temps passé. J'ai cherché dans les livres les plus épais, les plus vieux, les plus moisis. J'ai aimé des hommes, et des femmes aussi, tous ces corps qui se sont donnés en me refusant tout.
Non je n'ai pas toujours pas compris cette terre.
Mais j'essaye, j'essaye.
:)

lundi

Erasmus mundus

c'est ensemble que c'est toujours le même
temps qui nous passe sous le plafond enfumé
et nous imbibés les mêmes mots dans toutes les langues
c'est ensemble que c'est toujours nous mêmes
qui apprivoisons l'étrange sur toutes les routes
caressons nos grands récits de vie, petites vies en somme
nous qui sommes si jeunes et vieux six personnes en quête de mieux
c'est toujours ensembles sous le plafond d'un ciel pluvieux
que sans sursis nous errons toutes les nuits
c'est en nous si vides que s'attachent s'étreignent
s'égrainent sans fin les minutes les histoires
les comptoirs- et nos coeurs qui se cognent jusqu'à s'aimer.